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Découverte du polar nordique

Monica KRISTENSEN

22 Avril 2019, 05:38am

Publié par mille et une histoires

Monica  KRISTENSEN

Le sixième homme : publié en Norvège en 2008, titre original "Kullunge". Parution en France en 2012 ( Gaïa Editions ).

Bienvenu à Longyearbjen la capitale de l'archipel du Svalbard à mi-chemin entre la Norvège et le pôle nord. Une poignée d'habitants y constitue une microsociété avec un aéroport, un hôpital, des pompiers, des bars et des restaurants pour se distraire, quelques magasins. Un journal est publié localement. Question travail, cela se complique, il n'y a qu'un seul employeur : la mine de charbon dont l'activité n'est pas florissante et que la recherche scientifique en lien avec la protection de l'environnement peine à remplacer. Même le braconnage des rennes perdure. Il ne faut pas craindre le froid au Svalbard ni redouter l'isolement mais le lecteur apprend à s'intéresser à ce coin perdu tellement Monica Kristensen réussit à attiser une tendre et lucide curiosité.

A Longyearbjen il y a aussi un jardin d'enfants et une école. Le jeudi 22 février, la petite Ella a disparu malgré la vigilance des adultes. Alors la machine policière se met en marche sous l'autorité de la gouverneur intérimaire Anne Lise Isaksen. La police ? Oui, il y a aussi à Longyearbjen : le chef ( lui aussi par intérim comme si personne ne voulait venir au Svalbard ) Tom Andreassen, Knut Fjeld qui voudrait partir et l'ambitieux Erik Hanseid qui vient d'arriver.

Ella a disparu. Soit elle a quitté le jardin d'enfants et s'est perdue dans la neige, soit elle est partie avec son père qui lui aussi reste introuvable ( les parents de Ella ne s'entendaient plus ). Elle a pu aussi être enlevée mais un enlèvement crapuleux semble bien peu probable dans cette petite communauté. Longyearbjen n'a jamais connu une telle agitation. Knut s'efforce de raisonner et de trouver des indices dans l'attente des renforts de la brigade des homicides de la Kripo d'Oslo. Mais il faut que la liaison aérienne avec Tromsø soit établie.

Entre l'enquête policière et les descriptions du Svalbard, Monica Kristensen a su trouver un bon équilibre. Les titres des vingt sept chapitres contribuent à structurer le roman. Les retours dans le proche passé de certains protagonistes permet d'approfondir la visite de l'archipel où les dangers ne manquent pas : la nature belle mais hostile. Toute activité est une gageure, il faut être intrépide pour pêcher dans une mer où les glaces dérivent. Les dépressions polaires déclenchent des tempêtes parmi les plus violentes. Travailler à la mine apporte également son lot d'angoisses. Le sixième homme personnifie les peurs des mineurs et de leurs familles lorsqu'ils sont au fond des galeries.

Ce roman est aussi une étude psychologique pertinente par rapport à l'isolement ou à l'acclimatation à la nuit polaire. A Longyearbyen, il y a ceux qui veulent repartir de zéro à leur arrivée mais difficile de passer inaperçu, tout le monde se connait et tout se sait. Toute relation sentimentale est compliquée. L'alcool peut devenir un passe-temps. Paradoxe de la longue nuit polaire, sauf à vivre en permanence les volets clos, il n'y a pas d'intimité et les passants peuvent observer l'intérieur éclairé des maisons où les gens vivent leur vie.

Alors que la fête du soleil se prépare pour la date où la lumière solaire sera visible un court instant à l'horizon et ainsi mettre fin à la nuit polaire, l'éclaircie jaillit dans l'esprit de Knut. Place à l'action, une course poursuite s'engage. Claustrophobes prenez garde !

Bibliographie de Monica Kristensen et série Knut Fjeld ici http://cercle-du-polar-polaire.over-blog.com/2017/12/monica-kristensen.html

 

Monica  KRISTENSEN
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