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Découverte du polar nordique

Arnaldur INDRIDASON ( suite )

25 Mai 2020, 08:41am

Publié par mille et une histoires

Arnaldur INDRIDASON  ( suite )

Les roses de la nuit : publié en 1998, titre original "Dauðarósir". Traduction en français d'Eric Boury, publication par les Éditions Métailié en octobre 2019.

Le cadavre d'une jeune toxico est découvert dans le cimetière de la rue Sudurgata à  Reykjavik, sur la tombe de Jon Sigurdsson ( 1811 - 1879 ) héraut de l'Indépendance ayant plaidé la cause islandaise à Copenhague. Une gamine des rues a été étranglée, elle se droguait et sans doute se prostituait pour se payer sa came. Son identification va se révéler extrêmement difficile. Personne ne la connait. Erlendur, Sigurdur Oli et Elinborg ( en équipe avec Thorkell ) entament une longue enquête qui vont les mener inéluctablement vers des impasses. 

Arnaldur Indridason place son intrigue peu après le solstice d'été, période de douceur et de jour éternel en Islande. Et il nous parle de la face sombre du quotidien islandais. La drogue, fléau-refuge pour des jeunes livrés à eux mêmes, prêts à tout pour gagner un peu d'argent et se payer une dose. D'abord la petite délinquance, puis le deal, la prostitution et parfois devenir une mule. Les jeunes touchés viennent de toute l'Islande, fuyant la campagne sans avenir pour l'eldorado espéré à Reykjavik. Ils y trouvent l'enfer. 

Qui peut bien connaître une junkie ? Personne ! Personne ne s'étonne de son décès. Les boîtes de strip-tease, les tatoueurs, autant d'impasses. Erlendur, sans trop croire au motif politique du crime, se déplace dans la région des fjords de l'Ouest, dans les province de Gilsfjördur et de Bardaströnd. Jon Sigurdsson y est né, dans le petit port de pêche de Hrafnseyri. En Islande les zones côtières vivent au ralenti. L'exode rural a frappé. Les quotas de pêche ont été rachetés par de riches investisseurs. Privés de tout moyen de subsistance, les petits pêcheurs n'ont qu'un seul recours, Reykjavik où ils retrouvent les mêmes investisseurs qui spéculent dans l'immobilier et les centres commerciaux. Pour les jeunes livrés à eux mêmes dans la capitale, ils perdent vite le contrôle de leur vie emportés par la drogue, la prostitution avant que le sida ne les emporte. 

Ce roman vaut aussi pour les portraits dressés par l'auteur. Ceux de Sigurdur Oli et Elinborg bien sûr mais Erlendur n'échappe pas au regard acéré et lucide de l'auteur. Les premiers indices qui font progresser l'enquête sont apportés par Eva Lind la fille d'Erlendur, elle même toxico. Il va devoir s'interroger sur le rôle de père qu'il a mal assumé. Son fils Sindri Snaer a emprunté un autre chemin d'autodestruction, l'alcool. C'est le deuxième roman d'Arnaldur Indridason ( pour le premier, voir ici ) et il se révèle véritablement le conteur que j'apprécie, fin psychologue, érudit connaisseur de l'Islande et de son Histoire et critique social lucide qui dénonce l'immunité dont jouissent ceux qui confisquent l'avenir des islandais.

Je vais relire "La cité des Jarres", c'est avec ce titre que j'ai découvert Arnaldur Indridason mais cette fois-ci sera une nouvelle approche et avec un regard différent.

Bibliographie de l'auteur ICI

 

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