Ragnar JÓNASSON
La dame de Reykjavik : titre original "Dimma" en Islande ( 2015 ). Traduction depuis l'anglais, d'abord chez France Loisirs en 2018 puis aux Éditions La Martinière le 7 mars 2019. Ragnar Jónasson quitte le nord de l'Islande et Siglufjördur ( voir ICI ) et amène le lecteur à Reykjavik pour suivre les enquêtes de Hulda Hermannsdóttir.
Hulda est inspectrice principale à la brigade criminelle de Reykjavik. En ce mois de mai, elle va partir à la retraite . Ce n'est qu'une question de jours, après une brillante carrière, ses méthodes de travail étaient efficaces, un peu vieux jeux mais efficaces. Lors d'un départ à la retraite, il y a toujours un petit pincement au coeur, un peu d'inquiétude face à une nouvelle vie qui s'annonce. Elle la partagera peut-être avec Pétur.
Et puis tout part en vrille, elle est littéralement virée de son poste, son bureau est vidée en prévision de l'arrivée dans deux semaines de son remplaçant. Ses dossiers en cours sont répartis parmi ses collègues. Elle est mise sur la touche, sa hiérarchie n'a eu aucun état d'âme. Mais Hulda ne l'entend pas ainsi, elle travaillera jusqu'à la dernière minute, quitte à s'occuper d'un cold case. Pourquoi pas cette mort inexpliquée il y a plus d'un an, une jeune femme retrouvée morte noyée sur une plage de la péninsule de Reykjanes à trente kilomètres au sud de Reykjavik. Le cadavre portait des contusions, chute ou agression criminelle ? Hulda n'a pas participé à l'enquête qui a été bâclée, peut-être parce que la victime était une demandeuse d'asile venue de Russie, sans-papiers, hébergée dans le centre pour réfugiés de Njardvik.
Les recherches d'Hulda s'installent efficacement, le lecteur la sent expérimentée, particulièrement habile lors des interrogatoires durant lesquels elle sent intelligemment la personnalités des gens et elle sait y ajouter beaucoup de perspicacité. Ragnar Jónasson aurait pu alors dérouler une enquête passionnante mais classique. Il entraîne le lecteur dans le passé, celui tragique et émouvant des réfugiées, Elena et Katja, confrontées à des avocats et interprètes souvent négligents. La vie personnelle et quotidienne d'Hulda est réaliste et intrigante dans son passé d'épouse et de mère. Ragnar Jónasson joue avec le passé et le présent, avec l'identité des protagonistes. L'enquête progresse mais la psychologie des personnages se complique de plus en plus. Elle interroge le lecteur et de là naît le suspense et les rebondissements.
Hulda parcourt le sud-est de l'Islande avec sa Skoda hors d'âge. Les paysages de ce coin d'Islande sont un personnage à part entière. Les fjords bien sûr, mais aussi les montagnes, le froid, la pluie, la neige, la lumière, les champs de lave accompagnent en permanence le récit et l'embellissent bien plus que lorsque Ragnar Jónasson nous amène à Siglufjördur où les éléments naturels sont subis.
La série des enquêtes d'Hulda se poursuit ( bibliographie de l'auteur ICI ). A n'en pas douter il s'agira d'enquêtes dans le passé puisque le lecteur connait la fin de sa carrière. Le lecteur la connait aussi très bien. Comment Ragnar Jónasson va-t-il réussir à nous surprendre ?