Bäckström épisode 2 : Celui qui terrasse le dragon ( auteur Leif GW PERSSON )

Cette fois-ci le commissaire Evert Bäckström est sans contestation possible le personnage principal de ce roman. Le lecteur croise vite fait Lars Martin Johansson, Directeur de la Police judiciaire Nationale, juste le temps d’une révélation et de nommer la commissaire principale Anna Holt au poste de cheffe de la police de la banlieue ouest de Stockholm à Solna. Nous sommes en mai 2008, six mois après une enquête ultime sur l’assassinat d’Olof Palme ( voir ICI , « Comme dans un rêve » ).

Les efforts des syndicats ont porté leurs fruits, Bäckström est sorti de sa voie de garage aux objets trouvés de la police de Stockholm et il est nommé à la brigade criminelle de Solna. Pour lui ce n’est que justice, ses mérites sont enfin reconnus et tous les incapables ( Johansson en tête ) qui l’avaient poussé en retrait sont enfin désavoués. Pour Anna Holt c’est bien sûr une mauvaise nouvelle qui s’ajoute à d’autres. Solna est habituellement une banlieue tranquille, depuis son arrivée tous les dragons du crime semblent s’acharner sur Anna Holt : un braquage sanglant à l’aéroport de Bromma et la découverte du cadavre de Karl Danielsson alcoolique notoire. Le commissaire Toivonen ( le supérieur direct de Bäckström ) dirige l’enquête sur le braquage et Bäckström s’occupe du meurtre de Danielsson, il oriente de suite les recherches sur ses camarades de beuveries, l’affaire est simple, un poivrot mort des suites d’une querelle de poivrots avec éventuellement une affaire de sexe en plus. Et ce n’est pas la découverte du cadavre de l’immigré somalien qui livrait le journal chez Danielsson qui va compliquer son travail, bien au contraire.

Dans ce 8^ème roman de Leif GW Persson, le lecteur trouve une enquête reléguée au second plan. Bäckström et ses frasques occupent toute l’attention du lecteur. L’auteur propose un récit très humoristique ou son héros entame par exemple un régime alimentaire strict ( et à l’eau ) avant de retomber dans les excès nécessitant du repos et des siestes cachées dans un véhicule de service. L’humour devient plus grinçant lorsque d’autres traits du caractère de Bäckström sont mis en avant : manipulation, mauvaise foi, mensonge, profiteur, médisant, misogyne ou raciste. Il faut dire que la Suède est une terre d’accueil pour les immigrés et la police compte dans ses rangs des agents venus des quatre coins du globe : Syrie, Russie, Afrique du Nord, ex-Yougoslavie, Afrique du Sud, Finlande, Laponie ... Bäckström est aussi mythomane jusqu’à devenir dangereux lorsque l’idée lui vient de porter une arme de service. Armé d’un SIG Sauer, c’est fusillade garantie !

Question investigation, Bäckström est partisan de ratisser large. Il envoie son groupe d’enquêteurs(trices) tous azimuts et lorsqu’une piste se révèle bonne il en recueille tous les mérites et se pavane face à la presse et passe pour un héros.

Ce n’est sans doute pas le meilleur récit policier de Leif GW Persson. Bäckström accapare l’attention au détriment des investigations des enquêteurs. Il reste cependant que l’attitude et les opinions du héros constituent autant de caricatures à l’humour grinçant  ( dans sa dédicace, Maj Sjöwall parle « d’humour assassin » ) de tous les comportements critiquables de la société suédoise.

Leif GW Persson – Celui qui terrasse le dragon ( Bäckström épisode 2 ) . Titre original « Den som dödar draken » ( Suède 2008 ) , traduit du suédois par Catherine Renaud pour les Éditions Rivages en janvier 2016. ISBN 978-2-7436-3459-9 . Réédition en poche en novembre 2017, Rivages noir. ISBN 978-2-7436-4130-6 . 

Bibliographie de l’auteur  ICI